Les Frappés

De la voile olympique à l'ultra-cyclisme avec Sébastien Scotto di Fasano

Loïc Blanchard Season 5 Episode 218

Depuis plusieurs années, je suis Sébastien sur les réseaux. J’ai vu, au fil de ses partages, sa pratique du cyclisme évoluer au gré de ses participations à des épreuves majeures comme la Race Across France, une épreuve dont il a pris le départ tous les ans depuis 2020.

Et puis un jour, il a expliqué avoir pris le départ du triathlon 70.3 d’Aix-en-Provence, sans entraînement en natation ni en course à pied. Et il a fini avec un temps que beaucoup d’amateurs n’oseraient même pas espérer.

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à prendre le temps de lire des publications plus anciennes, notamment sur son blog. J’ai découvert qu’avant d’être un ultra-cycliste, il avait préparé les JO de Rio en 2016, en voile.

J’ai su qu’un jour, on se parlerait au micro du podcast. Parce que les parcours dans le sport de haut niveau, dès le plus jeune âge, sont toujours riches d’enseignements. Et parce que je suis bluffé par cet équilibre qu’il a trouvé entre sport d’ultra-endurance, vie de famille et activité professionnelle.

Excellente écoute à vous !

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Loïc - Les Frappés:

Seb, bienvenue sur le podcast, bienvenue sur Les Frappés. Je suis absolument ravi qu'on puisse enfin échanger, après toutes ces années à se suivre sur les réseaux. Ça me fait super plaisir. Tu as pu prendre le temps pour venir nous parler un petit peu de ton parcours, de tes objectifs, de tout ce qui arrive. Vraiment, un grand grand merci pour ça. Je suis super content de t'accueillir.

Seb:

Écoute Loïc plaisir partagé. C'est vrai que ça fait un moment qu'on discute comme ça sur les réseaux qu'on se chacun et écoute.

Loïc - Les Frappés:

Je suis très heureux. Merci de cette invitation. Seb, t'es à Marseille, si je me trompe pas. T'es pas à Marseille d'adoption, t'es né à Marseille, t'es agrandi à Marseille, toute ton enfance était à Marseille. Ce que je te propose, c'est qu'on commence un petit peu par ça. Je tente, en toute franchise, je tente nouvelle approche, une approche peut-être un peu plus pas chronologique, mais pour essayer de mieux comprendre certains parcours et certaines motivations, revenir longtemps en arrière, au moment de l'enfance, ce qui t'a marqué quand tu étais jeune, ton rapport à la mer, puisqu'on va beaucoup parler de vélo et d'ultracyclisme, mais avant ça, tu as eu une longue carrière, et une carrière à très, très haut niveau en voile. Donc voilà, je suis un peu curieux de savoir comment tout ça s'est articulé et comment tout ça s'est enchaîné. Donc, si tu veux bien, je serais curieux de savoir à quoi ressemblait l'enfance de Sébastien, de Seb, à Marseille.

Seb:

Ouais, carrément, comme tu l'as dit, né à Marseille, une ville de foot, ça n'aura échappé à personne. Donc, si tu veux, comme j'ai commencé, en fait, mes parents étaient fans de voile. Alors, fans de voile, ça ne veut tout rien dire, en fait, ils ne pratiquaient pas du tout. Par contre, j'ai un de mes frères j'ai quatre frères, des demi-frères mais en tout cas, qui sont beaucoup plus grands, et un de mes frères qui avait pratiqué notamment la voile pendant un moment, et ils sont tombés totalement amoureux de ce sport. Et en fait, moi, quand j'ai commencé à avoir l'âge, typiquement vers 6-7 ans, où tu choisis un sport, où c'est plutôt tes parents d'ailleurs qui choisissent pour toi, moi on m'a collé sur un bateau, un optimiste, ça parlera à certains, même à ceux qui ont pu toucher du doigt un peu la voile quand ils étaient petits. Et donc, du coup, je me suis retrouvé à faire du bateau, à cet âge là, dans une ville où le sport roi, c'est vraiment le foot, et j'ai toujours été toute ma vie dans des classes où j'étais le seul à faire du bateau. Quoi, à faire de la voile, c'est vraiment pas quelque chose de commun. Alors, aujourd'hui, on va dire que la voile a pris un peu plus de place, notamment grâce aux Jeux Olympiques de Paris 2024, où les épreuves de voile avaient lieu à Marseille.

Seb:

Donc, on a vécu, nous, à Marseille, une partie des Jeux Olympiques avec la voile, et c'était une fête qui a duré quasiment un peu plus de deux semaines, et c'était juste incroyable. On n'avait jamais vu autant de monde sur l'aréna, avec vraiment à la fois des Marseillais mais aussi des gens qui venaient de très loin pour venir voir les épreuves de voile, et donc, c'était assez incroyable à vivre. Mais voilà, toute ma vie, moi, j'ai été le seul. Seb, c'est celui qui fait de la voile, seb, c'est le voileux, il est un peu à part. Il est un peu à part et, en plus, je n'étais pas spécialement doué au foot, si tu veux. Donc, j'essayais de me fondre dans la masse, mais ce n'était pas du tout mon approche du sport. Elle était vraiment tournée vers la mer. Et Marseille n'est pas tournée vers la mer. Alors, le temps l'aide de plus en plus, mais ce n'est pas une ville qui est tournée vers la mer du tout.

Seb:

Ce qui est fou vu la configuration de la ville. En nous, on n'arrête pas de dire qu'on a la plus belle rade du monde. C'est vraiment un super spot pour naviguer. On a des vents très différents. On a le Mistral, qui est un vent un peu dominant et assez fort. Après, on a du vent d'Est, celui qui nous amène souvent de la pluie, et l'été, on a le vent thermique, qui est plutôt un vent sud-est et qui nous amène du vent l'après-midi avec de la chaleur. Donc, on a vraiment un plan d'eau, un terrain de jeu assez incroyable Et moi, j'ai toujours été étonné, notamment quand on rentre dans la phase hivernale. En fait, on avait tout Marseille pour nous, on avait toute la rate pour nous, tout seul, on était seul sur l'eau. L'équipe du Pôle France, parce que, du coup, il y a un Pôle France, c'est l'endroit où s'entraînent les sportifs de haut niveau. Le Pôle France voile est à Marseille et donc, du coup, on a toujours profité de cet espace là qui nous était. Enfin, c'était un petit écrin qu'on avait droit de profiter, de manière assez exclusive en fait, parce que, parce que, voilà, personne ne naviguer l'hiver et donc c'était assez dingue, assez dingue de de pouvoir vivre ces moments là.

Seb:

Aujourd'hui, on voit plus en plus de L'activité nautique est en train vraiment de se développer, notamment avec l'arrivée du foil, etc. Qui rend la voile un peu plus ludique, on va dire, pour le grand public. Mais voilà, c'était quand même une enfance un peu particulière, dans le sens où j'ai toujours fait pratiquer un sport où j'avais du mal à raconter ce que je faisais. C'était assez, encore plus quand tu es assez jeune, tu vois Vulgariser ce que tu fais. C'est très compliqué. Les gens me disaient mais du coup, t'es quoi? T'es sur un bateau avec ton chapeau et vous buvez l'apéro. Enfin, ça, c'était un peu plus grand, mais tu vois, c'était l'image que les gens avaient de la voile, alors que moi, ce que je faisais, c'était quelque chose de C'est ce qu'on appelle de la voile légère.

Seb:

Donc, c'est des bateaux assez sportifs, où il faut être assez, notamment, développé musculairement sur le haut du corps, parce que les bras, et après les forces qu'il y a dans les voiles, il faut pouvoir l'encaisser. Et donc, les, et donc les gens avaient du mal à comprendre. Ils voyaient que mon gabarit, en tout cas, tendait vers quelque chose qui se rapprochait du rugby, mais ils n'arrivaient pas trop à imaginer. Donc, je passais mon temps à essayer de montrer des vidéos. De temps en temps, j'ai l'impression d'être un méga vieux quand je dis ça. Mais les prémices de Youtube, ça fait mal. Ça fait mal.

Seb:

Du coup, tu essaies de montrer par des images un peu à quoi ça ressemble. Mais même avec des images, ça reste compliqué. Les gens se disent Ouais, t'es pendu, suspendu au trapèze. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est le bateau que je faisais, qui est un 49er, c'est le bateau qui est toujours présent aux Jeux Olympiques, où on est deux dessus, un barra, un équipier, et en fait, on est suspendu au-dessus de l'eau, on a les deux pieds qui touchent la coque, les deux ailes du bateau, et après on a tout le reste du corps qui est en dehors du bateau et qui sert à faire contrepoids pour vent qui s'ouvre dans les voiles, et donc, c'est assez beau, c'est très, très visuel, mais on a du mal à se rendre compte de l'effort qu'il faut pour déjà faire en sorte que le bateau aille vite, reste à l'endroit, parce que c'est un bateau où, si on le pose sur l'eau, il se retourne instantanément. Donc, en fait, il faut toujours ou être mobile, ou alors jouer d'est difficilement perceptible.

Loïc - Les Frappés:

C'est un peu comme J'avais reçu un champion olympique en aviron, ouais, enfin, genre de skiff. Ouais, carrément.

Seb:

Et en fait c'est pareil.

Loïc - Les Frappés:

Quand tu le vois, c'est hyper impressionnant, c'est hyper fluide Et, en fait, ce qu'il m'expliquait c'est que n'importe qui qui monte sur le bateau se retourne immédiatement La notion d'équilibre. Mais c'est souvent comme ça. J'ai l'impression Quand tu vois un sport, un geste, un mouvement qui a l'air fluide, simple, généralement, j'ai l'impression que tu as des années de pratique derrière pour arriver à maîtriser la fluidité du mouvement, un peu comme en vélo. Un vélo, un triathlon, sur un Ironman, un truc tout bête, mais les transitions où tu vois les fraudenots, etc. Qui descendent du vélo à 20 kmh et qui commencent tout de suite à courir, tu te dis ah, ça a l'air simple. Quand tu l'as fait 2-3 fois et que tu t'es éclaté par terre, tu comprends que ça n'est pas tant que ça.

Seb:

C'est en plus d'autant plus vrai que quand tu vois déjà le foot tout le monde en fait du tennis, tout le monde a pu peut-être essayer du basket aussi donc, tu t'arrives à te rendre compte de la difficulté, parce qu'en fait c'est un sport qui est assez facilement accessible. Mais quand on parle de sport plus confidentiel, où de suite il faut du matériel, etc. Évidemment que tu as du mal à te projeter. C'est assez normal.

Loïc - Les Frappés:

Donc, tu disais, une pratique finalement un peu à part de ton entourage, des gens de ton âge, à ce moment-là, est-ce que, du coup, tu grandis avec un cercle d'amis, une sorte de double cercle un cercle scolaire, on va dire, et puis le cercle sportif? Comment ça se passe de ce côté-là? Et je te pose la question parce que moi, j'ai eu un peu la même expérience que toi. Je faisais du judo. Le Pôle France était aussi à Marseille. Moi, j'ai toujours eu un peu. J'étais pas en structure de haut niveau scolairement, donc, j'étais dans un lycée normal, j'étais un peu l'ovni, tu vois, mais qui ne se mixaient jamais, qui ne se rencontraient jamais. J'avais mes copains du collège-lycée, qui ne captaient rien à ce que je faisais, et mes copains du sport de haut niveau qui, eux, étaient tout le temps ensemble parce qu'ils étaient dans les mêmes collèges, les mêmes lycées et tout, avec des horaires aménag, et qui ne captaient pas ce que je faisais dans un lycée normal. Qu'est-ce que tu as vécu, toi, du coup, écoute tout pareil.

Seb:

Ok, tout pareil, tout pareil. Et je vais même aller encore plus loin que ça, c'est-à-dire que, pour moi, il y avait ces deux vies qui étaient à un âge où tu te construis. Je parle souvent de la période du collège, puisque c'est souvent une difficile. Enfin, tu vois, autant, le primaire, tout découle, il n'y a pas trop de changements. Mais le collège, c'est un peu là où tu te construis, etc. Et tu t'intègres des clans. J'ai envie de dire enfin, voilà, tu te positionnes un peu dans la société, et moi, j'avais même l'impression qu'en fait, cette sphère du haut niveau, c'était presque la sphère qui occupait le plus de place dans ma vie, et le reste, quand j'allais à l'école, c'était presque une autre vie. Je ne vais pas dire que je ne m'en préoccupais pas, mais ça vient boucher les trous. J'avais vraiment cette impression-là de me dire que ma vie, c'est vraiment la voile. C'est vraiment la voile, c'est vraiment tout ce qui se passe à la voile, parce que déjà, tu t'entraînes 3 fois par semaine. Alors, quand t'es au collège, c'est pas beaucoup, mais déjà ça occupe tout ton temps libre et tout le week-end, tu pars en régate.

Seb:

Les compétitions en voile s'appellent des régates. Au début, quand t'es petit, c'est des compétitions sur le week-end, puis après, comme tu disais, tu pars la semaine. Des fois, tu pars deux semaines. Quand tu commences à attaquer des championnats internationaux, tu pars encore plus longtemps. Et en fait, comme toi, moi je revenais à l'école.

Seb:

Les gens ne comprenaient pas pourquoi je étais parti, qu'est-ce que j'avais fait? la plupart des réflexions des profs, vu que je revenais et que j'étais tout bronzé. Évidemment. Alors, ça va, c'était sympa, les vacances, et toi, t'en avais chié sur ton bateau pendant deux semaines à prendre du sel dans la gueule, et alors, évidemment, que c'était génial.

Seb:

Pour rien au monde, je ferais différemment aujourd'hui. Mais la perception de l'extérieur, autant, du point de vue, il y avait des profs qui comprenaient attention, ils n'étaient pas tous dans ce truc que j'étais partait en vacances, mais du coup, j'avais des copains et des copines, évidemment, au collège, mais j'étais assez finalement détaché de ça, quoi, enfin, j'étais vraiment dans ma bulle. Et parce qu'en fait, j'avais vraiment zéro temps libre et j'avais, du coup, quand t'as zéro temps libre et que tout ton temps libre tu le passes à faire du sport, t'as quand même un vrai décalage qui se crée avec tes copains d'école ou quoi que ce soit. Moi, j'habitais dans une petite résidence avec des petites maisons où, du coup, on se retrouvait pour jouer dehors quand on pouvait. C'était un petit cercle un peu fermé, où on avait tous le même âge et, en fait, je voyais que je n'avais pas les mêmes préoccupations et les mêmes occupations que mes copains, parce que moi, en fait, dès qu'ils prévoyaient des choses, des sorties, etc. Je ne pouvais pas, je n'y allais pas, je n'y allais pas, et je savais que tous mes week-ends étaient pris, que toutes les vacances scolaires étaient prises aussi, parce que c'est là où, évidemment, le calendrier sportif, quand t'es jeune athlète, est calé sur le calendrier scolaire, et donc, dès qu'il y a des grosses vacances, enfin, dès qu'il y a deux semaines de vacances, t'es à deux semaines de compét' en fait.

Seb:

Donc voilà, et au milieu de ça, une sacrée orga et un sacré engagement, surtout des parents. Je me rends compte maintenant que moi, je suis jeune papa, et encore, mon fils est tout petit, il a 4 ans et demi, mais en fait, c'est des sacrés sacrifices. L'enfant, on fait aussi, mais les parents, ils en font énormément. Je vois, quand mes parents partaient en vacances, là où je partais en compétition, et eux, pendant que j'étais sur l'eau, ils profitaient de faire d'autres choses, quand vraiment, ils n'étaient pas suspendus à leur jumelle, mais sinon c'est quand même un vrai engagement et, comme toi je pense, une devie qui se mélange dans une, et donc c'est quand même assez spécial, mais très, très prenant.

Loïc - Les Frappés:

Tu parlais un peu d'identité, de construction quand on est au collège, dans ces âges-là. Quel souvenir t'en gardes aujourd'hui, de cette période Là? tu nous as décrit un peu, on va dire, opérationnellement parlant, ce que ça a impliqué, ces deux vies en parallèle, le fait que tu n'avais finalement pas de temps libre pour toi. est-ce que c'est un bon souvenir et comment est-ce que ça a contribué à finalement à construire l'homme que t'es aujourd'hui, et notamment dans ta relation au sport?

Seb:

j'ai eu une chance incroyable.

Seb:

Je souhaite à tout le monde moi, maintenant que je suis papa, j'ai vraiment envie que mon fils il vive ça pas pour être dans le délire du papa qui veut absolument que son enfant ait aussi une carrière de haut niveau, etc. Ça je veux absolument pas qu'il fasse ce que moi j'ai envie qu'il fasse, mais juste pour vivre ce truc de t'es dans une espèce de bulle où t'as un projet et en fait, déjà avoir un projet à cet âge, là, c'est juste dingue quoi. Quand t'es au collège, t'as pas de projet, juste tu te laisses un peu porter et voilà, tu peux avoir quelques passions, etc. Et des trucs qui, à un moment, t'attirent un peu plus l'esprit. Mais là, c'était fou.

Seb:

J'étais dans une espèce de projet et en plus, la voile pour le coup, pour avoir partagé du coup, alors, ça arrivait plus tard. Mais quand je suis arrivé au lycée, donc, j'étais dans un lycée qui s'appelle lycée Marseille Vert à Marseille, et qui intègre donc des sportifs de niveau, et donc, j'étais dans une classe, à un moment spécial, où il y avait des sportifs de niveau de plusieurs sports différents, et on avait notamment des handballeuses, des danseuses et moi en voile. Il y avait quelques voileux aussi qui couraient par-ci, par-là et, en fait, je voyais la rigueur et la dureté de ce que je pouvais représenter. Je parle notamment pour la danse, pour le coup, je voyais que mes copines, elles passaient pas des bons moments, quoi, c'était hyper dur, etc. Alors que moi j'étais en plein kiff.

Seb:

Ce n'est pas un sport, évidemment, c'est un sport qui est rigoureux, etc. Mais c'est un sport de plein air. La relation qu'on a avec notre entraîneur, c'est plus une relation presque de grand frère. Souvent, l'entraîneur, c'est un peu le grand frère Et on est vraiment dans le partage. On grandit ensemble, avec un groupe, un petit collectif, même si, au début, j'étais sur un bateau où on était en sport individuel.

Seb:

Face à un bateau, on était seul, mais on s'entraîne quand même ensemble, on se tire vers le haut et après, évidemment, on fait des conneries comme tout gamin et ça. On n'a pas perdu notre jeunesse. Mais en même temps, on a tous avancé ensemble vers un projet structuré qui nous est voyagé, qui nous est passé du temps dehors, en plein air, sur l'eau. Moi, j'ai vraiment adoré, adoré cette période et j'espère vraiment que Je pense que tu peux vivre des choses similaires si tu es passionné de musique, etc. Évidemment, je pense que ça peut exister dans plein de pratiques, mais je trouve que le sport, ça t'amène quand même cette ouverture qui est incroyable et que je souhaite vraiment à tous les enfants de vivre un moment ou un autre.

Loïc - Les Frappés:

Je suis complètement d'accord, cette ouverture, le fait de Je pense que ça a été la même chose, surtout en voile le fait de finalement, assez jeune, pouvoir sortir un peu de sa région, voir différents endroits de France, d'europe, du monde.

Loïc - Les Frappés:

Moi, j'ai beaucoup voyagé avec le judo. Grâce à ça, je suis allé au Japon. Je n'y suis plus jamais retourné depuis, donc, donc, c'était vraiment une opportunité incroyable. Et je suis vraiment d'accord sur ce que tu dis. Finalement, c'est une chance incroyable, à un âge où on se construit, de pouvoir faire ses apprentissages et prendre en confiance psychologiquement, physiquement, c'est tout bête à un âge où tu grandis, ton corps change, etc. Et le fait d'avoir une discipline qui te permet, d'une certaine manière, de Comment dire, je trouve, tu me diras si toi, comment tu l'as vécu, mais moi, je sais qu'en judo, ça m'a permis de prendre conscience que je grandissais physiquement, intellectuellement, d'un point de vue maturité, je commençais quand même à avoir déjà une différence avec mes copains du collège-lycée, parce que moi, il fallait que je réfléchisse à ma nutrition, mon planning, comme tu dis. J'avais mon projet. J'étais concentré pendant trois ans sur un truc, c'était je voulais être champion de France.

Loïc - Les Frappés:

Champion de France, champion de par défaut plutôt passive, où on se laisse accompagner dans les cours. Les cours sont structurés pour nous. On passe d'une classe à une autre. La démarche est complètement différente quand tu as un projet sport de haut niveau, où tu es vraiment acteur de la chose, et je trouve que c'est une chance incroyable, à cet âge là, d'avoir l'opportunité, du coup, de se projeter dans le futur, de mettre en place un plan, de comprendre que, même si, parfois, tu investis énormément de temps et d'énergie, tu ne contrôles pas tout.

Loïc - Les Frappés:

Donc, il peut y avoir de la casse matérielle j'imagine pour toi, ça a dû t'arriver en judo, c'est moins le cas avec un kimono mais il peut y avoir de la casse physique le jour J, c'est juste comme ça, vraiment vraiment fabuleuse. Mais je nuancerais aussi avec ce que tu as dit par rapport à tes copines de la danse. Je pense que, comme beaucoup de choses, ça dépend aussi de l'intensité de ton rapport à la chose et de l'intensité que tu mets. Je sais que, par exemple, je ne pense pas qu'en voile, vous ayez ce sujet du poids, quoique peut-être dans ta discipline, je sais pas, ouais, dans l'autre sens il fallait prendre plutôt du poids.

Seb:

Alors, moi et je le suis toujours plutôt un gabarit qui prend facilement. Tu vois, moi on faisait de la musculation régulièrement. Alors, au collège, c'était un peu, on commençait à se rendre compte qu'il fallait pas pousser de la masse comme des tarés au collège, parce que sinon ça pouvait arrêter la croissance, etc. Mais vraiment, on était au début de la prise de conscience de ça. Mais après, quand on est arrivé sur le support qui est notamment représenté aux Jeux Olympiques, où là, on était vraiment dans un gros complexe d'encadrement sport au niveau etc. Il fallait prendre plutôt du poids. En gros, plus t'es lourd et plus t'arrives. Pour schématiser, plus on est lourd, plus on arrive à faire contrepoids de la puissance qu'on a dans les voiles et plus on arrive à garder de la puissance et donc plus on va vite. Donc, c'était assez simple. Mais la contrepartie, c'est qu'il faut garder une agilité incroyable et pouvoir se déplacer et pouvoir faire en sorte d'être synchronisé au maximum avec son équipier. Et donc, si tu prends juste du poids et que tu prends du gras et que tu ne sais pas te déplacer sur le bateau, ça n'a aucun intérêt.

Seb:

Donc, il fallait mettre le curseur au bon endroit entre prendre le max de poids possible, mais aussi être capable. Tu vois, on avait des tests physiques tous les six mois. Quand t'es encadré c'est d'ailleurs pareil dans tous les sports, si je me trompe pas mais des tests physiques tous les six mois, où, à chaque fois, évidemment, on évalue plein de choses, mais on évalue aussi ta souplesse et, en fait, si t'es pas capable de toucher tes pieds, il y a un vrai problème. Et tu vois, il fallait même aller beaucoup plus loin que ça et donc, du coup, il fallait mettre le curseur dans l'endroit pour, à la fois, avoir de la masse musculaire, mais aussi être agile et se déplacer.

Seb:

On appelait ça à pas de chat sur le bateau. Il faut vraiment que le bateau, il soit vraiment pas perturbé par nos déplacements. Et donc voilà, on était plutôt dans un truc de faut prendre du poids. Et là aussi, sur la nutrition, il y avait tellement de progrès qui ont été faits, mais on faisait ça de manière assez simpliste et moi, je sais que j'ai toujours eu des, j'ai eu plusieurs barreurs. Moi, j'étais équipier, donc sur le bateau, donc c'est moi qui gérais le réglage des voiles et le barreur à la barre et en fait, le barreur doit être un peu plus léger que l'équipier, donc ça, c'est pas grave.

Seb:

Mais j'ai toujours eu des barreurs qui ont eu du mal à prendre du poids et qui, eux, ont passé des heures et des heures en salle de muscu, avec pour un seul objectif, c'est prendre quelques kilos. Moi, j'avais pas trop ce problème là. Je faisais un peu de muscu et je prenaispris d'autres choses. Je pense qu'on en parlera tout à l'heure, mais moi, j'avais plutôt une facilité pour prendre du poids.

Loïc - Les Frappés:

Spontanément, j'ai envie de te dire la chance, parce que moi j'ai eu d'autres problèmes où il fallait qu'au contraire, j'arrive à en perdre et je ne garde pas un très bon souvenir de ces phases de régime. Mais passionnant, ton projet du coup, pour finir sur la phase voile, puisque tu nous disais que tu étais à haut niveau, mais de manière assez humble, tu as rapidement évoqué les Jeux Olympiques, mais il faut quand même, pour que les gens un peu comprennent l'environnement et le niveau auquel tu pratiquais. Si je ne me trompe pas, en préparant le podcast, j'ai vu que les Jeux que tu avais préparé en particulier, c'était Rio, donc 2016, londres, c'était déjà, c'était trop tôt, c'est ça.

Seb:

Ouais, en fait, londres, c'était trop tôt, mais en fait c'est presque ce auquel on a failli.

Seb:

Enfin, voilà, ça, c'est en fait, quand on est arrivé sur ce bateau là, donc le 49er, ça s'appelle ce bateau planant où on est deux dessus. Donc, là, on rentrait sur un bateau qui est donc, il y a dix séries qui sont représentées aux Jeux Olympiques. Si je caricature, c'est de la planche à voile, du catamaran, etc. Ça a d'autres noms, mais ça fait partie de la planche à voile catamaran. Et nous, on était le dériveur double haute performance, voilà, et un skiff, un skiff volant, et donc, du coup, sur ce bateau là, donc, on est arrivé avec mon équipier Thomas, en 2009, si je ne me trompe pas, 2009, 2010, 2011,. Ouais, c'est ça, en 2009, on était tous les deux en solitaire sur un petit bateau qui s'appelle le Motorop, qui est un bateau qui est une série plutôt jeune, où là, on va typiquement jusqu'à la fin du lycée, on peut naviguer dessus. Alors, après, on peut naviguer jusqu'à la fin de sa vie si on veut. Mais en tout cas, là où vraiment le haut niveau se fait, c'est plutôt dans ces années là.

Seb:

Et notre dernière année sur ce bateau là, mon équipier fait champion du monde et moi, je fais dans les 15 premiers au champion du monde, et ensuite, l'été qui passe, on se lance ensemble dans le 49er, donc en rentrant directement au Pôle France à Marseille, et donc là, on intègre l'équipe et là, en fait, on arrive Et sur ce bateau-là. Ce qui est assez particulier dans la voile, c'est qu'en fait, tu apprends des choses tout au long de ta carrière, mais on peut te changer de bateau et tu peux passer de l'élite mondiale à Je n'arrive même pas à terminer une manche. C'est un peu comme si tu étais champion de tennis et que demain, je te file une raquette de ping-pong et je te mets en face du champion du monde de ping-pong. Tu as beau être champion de tennis, tu ne vas pas y arriver. La voile, c'est un peu ça.

Seb:

Du coup, on est arrivé sur ce bateau Et, en fait, parce qu'on était plutôt dans l'élite, sur notre bateau, en solitaire, et là, on se retrouve à ramasser les bouées. On appelle ça quand t'es dernier en voile, tu te retrouves à la fin et voir même le bateau est tellement difficile techniquement parlant qu'en fait, on fait que se retourner parce qu'on n'arrive pas à avoir l'équilibre, on n'est pas synchronisé, etc. Et donc, dès qu'il y a un peu de vent, ça devient. C'est très joli de l'extérieur, ça fait des beaux spectacles, on fait des belles figures de style, mais on ne fait que se retourner Et donc, c'est très, très dur.

Seb:

C'est deux, trois années assez fondatrices où, en fait, on doit appréhender le support, appréhender le bateau, apprivoiser tout ça. Et je me souviens vraiment très, très précisément, d'un jour à l'entraînement ça devait faire trois ans qu'on naviguait ensemble, où il y avait Mistral, à Marseille, vent fort. On était sept ou huit bateaux à l'entraînement Et, en fait, on arrive à faire ce qu'on veut du bateau, alors que c'est un vent assez soutenu, où, justement, on a plutôt tendance à faire des fautes. À ce moment là, et au milieu de l'entraînement, on s'arrête deux secondes, on se regarde, on le tient, là, ça y est, on maîtrise l'engin quoi? enfin, au bout de trois ans, on a l'impression d'avoir surpassé la machine.

Seb:

Et ça y est. C'est plus elle qui nous, qui nous maltraite, c'est nous qui arrivons très dures, très, très dures, parce qu'en plus, ça correspond quand même à l'entrée dans les études supérieures. Mon bar est en école d'ingénieur, moi, je suis en école de commerce. Alors, lui, on a fait la même école. D'ailleurs, seb, je ne sais pas si tu avais vu, oui, j'ai vu no-transcript, parce que j'ai passé un peu plus de temps au lycée que la normale. Je suis rentré en master en plus.

Loïc - Les Frappés:

Donc, je suis rentré en 2011 et je suis sorti en 2013 je suis rentré en 2009 après ma prépa et je suis sorti en 2013, ça se trouve, on s'est croisé dans les cours, dans les 8000 étudiants, on a dû se croiser.

Seb:

Donc, ouais, super expérience. D'ailleurs aussi, école très sympa, et moi, je voyais bien, en plus, alors, c'est pas pour être réducteur vis-à-vis des écoles des commerces, mais moi je voyais bien le travail que demandait l'école d'ingénieurs, avec mon barreur, et le travail que me demandait l'école de commerce. Il y avait quand même un gap. Il ne faut pas se mentir, même si on apprend plein de choses, et moi, je suis hyper. C'est surtout les intervenants, en fait, qui nous apportent énormément de choses dans ces écoles-là, et donc je suis hyper reconnaissant de tout ce que j'ai pu apprendre. Mais voilà, je sentais que mon, moi, j'étais plus en pilotage automatique dans les études, et mon barreur, lui, il avait vraiment des phases importantes avec les partiels, lui, en plus, il dédoublait ses années, parce qu'en école d'ingénieur, lui, il était à l'INSA de Lyon, et même ça, c'était quand même challenging pour lui, même si c'était un très bon élève. On sentait que ça lui demandait quand même pas mal d'efforts.

Seb:

Mais donc, voilà, du coup, on a eu 3 années très fondatrices et compliquées, où t'es plutôt tout le temps derrière. Donc, chaque fois que tu fais une compète, tu prends un peu une claque. Alors tu remets pas en jeu le projet parce que tu sais que c'est du long terme. Mais pour repartir, c'est quand même toujours un peu dur Et de temps en temps, tu as des petites victoires. Il y a des manches où, pour que les gens se rendent compte, en fait une régate, ça dure une semaine Et pendant une semaine, on fait entre 3 et 4 manches par jour. Une manche, ça dure 30 minutes. C'est assez intense Et donc, du coup, il y a une fatigue qui s'installe au fur et à mesure que la semaine se passe Et, en plus, il y a des sélections qui se font au fur et à mesure, il y a des phases de qualification.

Seb:

Au milieu de la semaine, on coupe la flotte en deux Et, en gros, il y a le rang or et le rang argent. Donc, c'est la première moitié et la deuxième moitié. Donc, évidemment, tu te retrouves dans la deuxième moitié les premières années. Donc, c'est dur, mais il y a des petites manches toujours qui te raccrochent parce que t'arrives à faire une belle chose et donc, ça te permet d'entreguer, de garder la flamme pour continuer. Et, en fait, au bout de 3 ans, on arrive, sélection des Olympiques de Londres, et là, nous, c'est l'année où on explose, où, vraiment, on se révèle toute sa ligne, ça y est. L'expérience commence à payer notre travail.

Seb:

En plus, on naviguait vraiment beaucoup et voire même je pense qu'ils m'en voudront pas mes collègues si je leur dis ça mais on naviguait plus que les autres, plus que ceux qui étaient en équipe de France élite, on va dire, et qui visaient vraiment la sélection pour les Jeux Olympiques, mais parce qu'on en avait besoin aussi et que eux aussi étaient certainement passés par là avant nous. Mais voilà, on naviguait beaucoup et donc, là, on voit que ça finit par payer et on fait une année, fin 2011, début 2012, assez incroyable, où chaque compète, ça se passe plutôt très bien et on fait notamment une coupe du monde à Palma de Mallorca où, en fait, la fédération nous annonce que pour aller au championnat du monde qui sera en Croatie, il faudra finir absolument dans les 25 premiers de cette Coupe du Monde et sinon on n'aura pas le droit d'y aller. Quoi, alors que nous, on avait évidemment prévu d'y aller. Quoi? même si on avait aucune chance d'aller se qualifier aux Jeux Olympiques et que la qualification pour la France aux Jeux Olympiques allait se jouer sur ce championnat du monde, on voulait quand même y aller et en fait, là, ils nous disent clairement si vous ne faites pas top 25 sur la Coupe du Monde qui précède à Palma de Mallorca, on vous interdit d'y aller. Et écoute, on fait 25ème. On fait 25e avec un hold-up de l'espace. Vraiment, ça se joue sur la dernière manche. Il y a tout qui s'aligne. Donc, on se qualifie assez incroyable Et, en fait, à ce moment-là, on voit même que la FED est embêtée Parce que, du coup, il y a quatre équipages On était quatre ou cinq à être rentrés dans les 25 premiers.

Seb:

Donc, les quatre qui étaient rentrés devant nous, c'était des équipages qui, logiquement, allaient au Chopard du Monde parce qu'ils étaient toujours devant, et nous, on était vraiment le vilain petit canard. Du coup, logistiquement, ça veut dire qu'il va falloir envoyer 2 entraîneurs, faire en sorte qu'il y ait 2 camions qui se déplacent avec 2 Zodiacs. On a vraiment fait chier tout le monde, quoi, et en fait, nous, on s'est pas préoccupés de ça. Mais voilà, et en fait, arrivé et arrivé, donc, en Croatie, à Zadar, on est dans une semaine de grâce où, en fait, le premier jour, on fait 3 manches, on fait 1-1-2, le lendemain, on refait 3 manches dans les 10 et, en fait, on est à mi-championnat. On est, je crois que les deux premiers jours, on est sur le podium et, à mi-championnat, on est top dix.

Seb:

Et devant tout le monde, quoi? Et devant tout le monde. Et en fait, la qualif se jouait là, la qualif aux Jeux, qui va? Il n'y a que le meilleur français, c'est tout. Tous les autres, ils restent à la maison.

Seb:

Et donc, c'est pour ça qu'en soi, c'est un sport aussi qui est assez difficile, parce que tu peux te battre pendant 4 ans et te préparer les Jeux pendant 4 ans et, en fait, tu peux très bien ne jamais aller au Jeu, même si tu as été le plus fort pendant 3 ans, si la dernière année, ce n'est pas toi qui dans un truc où nous, on était complètement outsider, mais alors de très, très loin, et on fait un début de championnat, mais de dingue, et on reçoit des messages dans tous les sens, et nous, on ne se rendait pas trop compte, en fait, on savait qu'on n'était pas vraiment à notre place, qu'en fait il y avait trop d'enchaînements, on avait de la réussite, tout ce qu'on faisait, donc, c'était assez ouf. Et donc, on commence à recevoir des messages les gars, c'est vous qui allez y aller, et tout et là, en fait, on se rend compte, on se dit mais qu'est-ce qu'il se passe? c'est en fait nous. À aucun moment on s'est dit que même si on allait être devant, ils allaient nous envoyer, nous, aux Jeux Olympiques.

Seb:

C'était une semaine, pour la petite anecdote, c'était une semaine où le vent était vraiment pas fort et au fur et à mesure que les jours passaient, moi je mangeais de moins en moins. Je me disais putain, il faut essayer de perdre du poids. Ils annoncent encore pas de vent demain. Si on veut aller un peu plus vite, là, ça sert à rien. Faut pas que je mange trop. Mon barrière fait ça aussi sans me dire.

Seb:

Et je crois qu'au bout du 3ème jour, on se regarde un peu en train de se servir des pâtes, et moi, je prends quasiment rien, et lui aussi, et on explose de rire. Et il me fait mais toi aussi, tu manges pas. Je lui dis ah, ouais, mais putain, mais il faut pas qu'on mange. Tu vois pas qu'on va de plus en plus vite. Et donc, c'était assez drôle. Je préconise surtout pas de faire ça, évidemment, mais voilà, c'était assez drôle.

Seb:

Tous les deux ont joué notre carte à notre atout à fond. Et bon, finalement, sur la deuxième partie, on a quand même repris notre place, mais on fait quand même 18ème de championnat du monde et 3ème français, et c'était juste une semaine incroyable. Enfin, on a vraiment adoré ce moment là. Et puis, après, le reste de, l'année, c'est très bien passé aussi. On fait notre premier, on manque de pas, loin de faire notre premier podium sur une Coupe du Monde, enfin, voilà, tout s'enchaînait plutôt bien.

Seb:

Et après, on a fait une deuxième préparation pour Rio 2016, où là, mon barreur, au bout d'un an, il a décidé de rentrer dans la vie active, parce qu'il faut en parler aussi de ça. Mais c'est un sport qui est quand même non professionnel. On ne gagne pas du tout notre vie, voire même on dépense énormément d'argent. Donc, il faut essayer de trouver un peu des petits partenaires, etc. En sachant que la voile légère, c'est quand même pas ce qu'il y a de plus visible comme sport. Donc, assez peu de partenaires, et donc, au bout d'un moment, moi, mon barreur, il a une opportunité pour prendre un super poste, etc.

Seb:

Et donc, on a arrêté le projet et moi, j'ai continué avec, j'ai fait des essais avec deux autres barreurs et donc, je suis allé jusqu'à Rio pour quand même tenter la calife, mais la calife qui s'est jouée en Floride, à Clearwater. Donc, ça aussi, c'était la première fois de ma vie que j'allais aux Etats-Unis. Assez incroyable d'aller naviguer là-bas au milieu des roquins-tigres et des marsouins. C'était une belle expérience, mais clairement, on n'était pas dans le coup. On a dû faire milieu de tableau et j'ai pris ma retraite sportive à ce moment-là, juste après les Jeux de Rio. Ta retraite sportive.

Loïc - Les Frappés:

Je rigole un peu je souris quand tu dis ça parce que quand j'ai commencé à te suivre, je suivais Seb, l'ultra cycliste, puis après, au bout d'un moment, je crois que c'est l'Alpsman que t'es allé faire comme ça sur un coup de tête sans trop d'entraînement, il me semble, ou c'était un autre, je me rappelle plus.

Seb:

Non, j'ai fait Aix parce que du coup, on va y revenir, mais après, je suis passé dans le triathlon, et après l'ultracyclisme, et donc j'ai un peu arrêté de courir Et après, pour m'amuser, j'ai refait le 73. Voilà, la Fireman d'Aix.

Loïc - Les Frappés:

Tu me dis si je me trompe, mais si ma mémoire est bonne, tu as pris le départ sans t'entraîner en natation.

Loïc - Les Frappés:

Donc voilà, ta retraite sportive. Ça me fait sourire parce que ceux qui te suivent, je pense, seront d'accord avec moi pour dire que tu as peut-être pris une retraite sportive de haut niveau. Mais on voit clairement que le sport, ça fait absolument partie de ton équilibre. Et d'ailleurs, j'aurais une question pour toi un peu plus tard sur ton équilibre, enfin votre équilibre en tant que couple et famille, puisque tu n'es pas le seul pratiquant. Ta compagne est aussi ultra cycliste et vous avez un enfant en bas âge. Donc, ça me fait me poser quelques questions sur votre équilibre. Donc, tu décides à ce moment là d'arrêter vraiment l'année de Rio 2016, c'est la fin.

Seb:

Ouais, c'est la fin. J'ai fait, comme bon sportif, un petit comeback sortir de la retraite. À un moment, j'ai un ami qui me dit tu veux pas relancer un projet, etc. Donc, j'ai refait quelques petits one shot, comme ça, je suis venu sur des coupes du monde. On en parle assez peu, mais moi, j'ai essayé de le verbaliser le plus possible à des gens autour de moi pour qu'ils comprennent. En fait, on parle beaucoup de la dépression post carrière de haut niveau, mais notamment chez les gens qui ont de la visibilité, des grands sportifs que tout le monde connait, etc. Mais c'est là aussi, quand t'es un sportif lambda enfin, moi, j'étais sportif de haut niveau, mais j'étais, j'étais pas un champion, quoi. Mais nous, ces gens, là aussi, quand on s'arrête, on a le même un gros, la grosse chute, on la vit aussi et donc je sais plus pourquoi je te dis ça parce que tu disais que t'as essayé de reprendre en one shot la première fois.

Seb:

Et donc, en fait, quand on te retend une perche, t'as envie de la saisir? quoi? T'as envie de dire, bah, ouais, ça me manque trop, c'est pas possible. Enfin, tu passes d'un truc qui a drivé toute ta vie, ou tout ton emploi du temps était tourné autour de ça, à un truc où, entre guillemets, t'as plus de projet mis à, mais tu as quand même un énorme vide. Donc, j'ai fait quelques piges. On va dire comme ça grâce à des copains.

Loïc - Les Frappés:

C'est un très bon point. On se fera peut-être un épisode spécial sur ça, un épisode bonus, mais je suis assez d'accord avec toi. Déjà, c'est bien. Je pense que les sportifs qui sont visibles parlent de ça. Ça permet de le mettre un peu sur la place publique. Mais ça permet de le mettre un peu sur la place publique. Mais c'est vrai que j'ai aussi fait l'expérience, comme toi, d'un arrêt un peu décidé, mais d'un arrêt un peu soudain du sport de niveau. Et, comme toi, j'ai essayé de reprendre. Alors, moi, une seule fois, sur une période, on va dire, et ça a été tellement violent que finalement, c'était pas très agréable, parce que tu te dis je vais essayer de retrouver des sensations, les sensations incroyables que j'avais avant, c'est assez rare, les retours gagnants.

Loïc - Les Frappés:

Oui, c'est ça. Et en fait, moi, concrètement, j'étais au Canada pour un échange à ce moment-là, et mon entraîne, c'était Gilles Denis, je crois je vais pas dire de bêtise mais bref, l'entraîneur de l'équipe du Canada qui était à Montréal, là où j'étais, et donc, je me pointe pour un entraînement, et déjà, j'arrive à l'entraînement et je vois tout le monde en kimono bleu et blanc. Donc, les kimonos blancs et les kimonos bleu, ça n'existe pas, et tout le monde avec les dossards cousus dans le dos. Ça, c'est pareil, c'est quand tu fais des compétitions. Je me dis tiens, étonnant. Et puis, je capte qu'au bout de quelques minutes, je reconnais quelques visages, quelques noms et tout. Je capte que je suis dans le club de la'équipe du Canada qui préparait les JO de Londres, la vache. Et du coup, concrètement, avant la fin de l'échauffement, j'étais déjà dans les toilettes en train de vomir. C'était abominable. Donc, je vois bien, mais écoute, absolument passionnant. Alors, on a passé plus de temps que ce que j'avais imaginé sur la voile mais, écoute, vraiment passionnant.

Loïc - Les Frappés:

Ce je te propose, c'est qu'on fasse une transition sur aujourd'hui, puisque, pour parler un petit peu du backstage, de comment cet épisode s'est monté, pour les gens qui ne te suivent pas sur les réseaux et je vous recommande de le faire, d'ailleurs, il y a le lien en description de cet épisode tu as récemment annoncé un énorme projet, ton nouveau projet sportif sur lequel tu te concentres, qui est'est pas dans la voile. Donc, moi, je serais curieux de savoir si tu pouvais nous parler un petit peu de ce que tu fais aujourd'hui, quel nouvel équilibre tu as trouvé avec le sport. Alors, tu n'es pas officiellement athlète de haut niveau, avec un numéro du ministère, etc. Mais on peut clairement dire que c'est du sport de très, très haut niveau. Donc, voilà à quoi ressemble le sportif Seb aujourd'hui et dans quoi est-ce que tu t'éclates et vers quoi est-ce que tu vas surtout, ouais, bah écoute.

Seb:

Du coup, je me suis complètement reconverti dans un autre sport, puisque, du coup, maintenant, je pratique l'ultracyclisme, donc des très, très longues distances à vélo, qui est un sport assez récent en France. Finalement, ça existe depuis assez longtemps, notamment aux Etats-Unis, etc. Mais plus avec une pratique, avec de l'assistance, donc des gars qui ou des femmes qui font des très longues distances à vélo, mais en étant suivies, etc. Avec un camping-car, machin, etc. Donc, ça, ça existe depuis assez longtemps sur All States. Mais après, chez nous, on va dire que ça fait 5-6 ans que c'est en train de pousser fort et notamment sur les deux dernières années, on voit un grandissement vraiment très important des participants et ça ressemble un peu au trail running il y a 10 ans. On va dire C'est en train de prendre la même direction et c'est en train de se professionnaliser.

Loïc - Les Frappés:

Le mot est peut-être encore un peu fort, mais c'est en train de se structurer, tu dirais que c'est la Race Cross France et Arnaud qui ont un peu démocratisé la chose en France ou pas, que Arnaud fait partie des très, très gros acteurs avec la Race Cross France.

Seb:

Il y a Axel Carion aussi, avec les Bikingman, et après, il y a d'autres courses qui ne sont pas des circuits, qui ne proposent pas plusieurs courses, mais comme la Desertus Bacchus ou la French Divide. Il y a des courses qui sont sur la route et des courses off-road, mais en tout cas, oui, toutes ces courses-là ont eu vocation à vraiment démocratiser et mettre en avant ce sport. Et puis, après, tu as évidemment les athlètes qui sont arrivés, qui, aujourd'hui, sont des vrais porte-drapeaux de cette discipline, et on apprend en plus d'année en année. Au début, c'était quand même la stratégie de celui qui dort le moins, c'est celui qui gagne la course. Maintenant, on revient un peu en arrière là-dessus. On se dit que si t'es capable de rouler très vite et finalement, en dormant un petit peu, tu vas finalement rattraper tous ceux qui sont en mode zombie et qui ont pas voulu dormir, etc. Donc, c'est là-dessus que je dis que le sport est en train de se structurer. C'est parce qu'on est vraiment dans une approche même si ça reste un sport où l'aventure est quand même au cœur du sujet.

Seb:

On peut faire un rapprochement avec le Vendée Globe dans la voile. Tu as des performeurs et tu as des aventuriers. C'est un peu pareil en ultra-cyclisme. Tu as des gens qui viennent là pour kiffer le fait de traverser la France à vélo et de rencontrer du monde, etc. Et de quand même le faire à une vitesse qui est engageante, mais qui ne sont pas là à tout prix en train de dépasser des gens ou faire un chrono. Et tu as des gens qui sont là, vraiment, dans une démarche où ils essayent de tout optimiser pour aller le plus vite possible, qui vivent aussi une aventure, mais qui est quand même très différente, parce qu'ils voient un peu moins les paysages, ils roulent quasiment toute la nuit, etc.

Seb:

Donc, chacun arrive à faire son petit mélange et s'y retrouve en fait comme il a envie de se retrouver. Donc, là-dessus, c'est ça qui est assez génial. Et donc là, en fait, mon histoire avec l'ultracyclisme, elle remonte à 2020, donc post-Covid, parce que, du coup, quand j'ai arrêté ma carrière en voile, donc après les JO de 2016, je me suis mis à faire du triathlon tout de suite Et donc j'ai changé de On revient sur cette fameuse dépression post-sport de haut niveau mais du coup, j'ai voulu combler ce vide tout de suite Et, en fait, j'ai rencontré un J'avais déjà ma femme qui faisait un peu de triathlon. On avait déjà des amis et j'avais un copain qui venait de finir l'Ironman de Nice et qui m'a un peu titillé gentiment en me disant viens faire un vrai sport. Donc, là dessus, je l'ai un peu pris au mot et on s'est retrouvé dans le club à Marseille qui s'appelle les Sardines Triathlon, un club vraiment très sympa et très familial.

Seb:

T' T'es toujours d'ailleurs, par curiosité, je n'y suis pas, mais je suis toujours. Enfin, je suis plus licencié, mais je vois encore tout le monde et, en plus, en faisant encore du vélo, on se croise encore tous, évidemment, en roulant dans le coin, et je suis tout le monde encore de très près. C'est un club qui a vraiment une très, très bonne ambiance et donc, voilà, c'était vraiment un beau moment. Et donc, j'ai fait trois années, du coup d'entre 2017 à 2020, j'ai fait de l'Ironman alors un niveau très, très, très amateur, quoi? enfin, il faut bien comprendre que, du coup, je suis parti d'un gabarit, ou alors je suis pas aussi grand que toi, mais mais je faisais aux alentours des 90 kilos et donc, je me, j'ai, et surtout, je savais ni faire du vélo, ni ni courir, ni nager, aucun des trois sports.

Seb:

Mais ce qui était génial. Et ça, franchement, c'est assez grisant quand tu viens d'un sport où, en fait, tu passes ton temps à essayer de maintenir au niveau et, en fait, quand t'arrives sur une compétition, tu sais tout faire. Mais c'est juste que, pendant la compétition, il faut réussir à faire tout au meilleur niveau, et c'est différent de continuer à progresser tous les jours. Et là, moi, du coup, en découvrant le triathlon, je me suis retrouvé à pratiquer trois sports où, en gros, à chaque entraînement, tu progresses, et ça, en fait, quand tu es sportif de niveau dans un sport que tu maîtrises, tu le vis plus, tu le vis plus de cette manière, là, en tout cas.

Seb:

Et donc, moi, j'étais rempli de dopamine à chaque entraînement. C'est génial. J'ai compris ça en natation, je commence à sentir la glisse. C'est pas vrai, j'ai jamais senti la glisse en natation, mais en tout cas, j'ai compris un truc ça va un peu mieux et ça, dans les trois sports, donc, c'était vraiment hyper glissant.

Seb:

Donc, je me suis vraiment éclaté pendant ces trois années où, du coup, la première année, j'ai fait mon premier Ironman, c'était à Hambourg, c'était l'objectif club, quoi. Il y a un peu la dynamique dans les clubs de triathlon. On se fixe un objectif et on y va tous ensemble. Donc voilà, j'ai fait mon premier Ironman là-bas, c'était génial. Et par la suite, j'étais un peu pris par ce truc que je ne connaissais pas d'ailleurs, quand je faisais de la voile mais ce truc toujours plus loin, toujours plus dur, et donc, à chaque fois, je cherchais un Ironman qui allait me challenger un peu plus. Et c'est comme ça que je me suis retrouvé à faire l'Altsman en 2018.

Seb:

Donc, pour ceux, un Ironman classique, sauf qu'il y a beaucoup de dénivelé. À vélo, à l'époque, on était sur 4400 D+ sur 180 km Et après, le finish se fait d'abord autour du lac. En fait, on court les 25 premiers kilomètres au bord de l'eau Et si on est sous un certain chrono, on a le droit de monter en haut du Semnoz, qui est le col à côté d'Annecy et qui nous permet d'être top finisher. Et donc, c'est un trail, c'est 13 bornes, où là, on avale à peu près 1400 de D+. Et donc, je me suis dit ça a l'air génial, c'est encore plus dur, il faut y aller, etc. Et aujourd'hui, je suis un peu revenu sur ce genre de discours, mais c'est juste pour expliquer un peu le cheminement.

Seb:

Et ça, en fait, ce truc là, je l'ai partagé. On est monté avec Karen, avec ma femme, on a un gros groupe d'amis et ils étaient tous là. On était une vingtaine et j'ai été le dernier, en plus top finisher, donc je suis le dernier à avoir sonné la cloche, et donc ça s'est joué. En gros, quand je pose le vélo, j'avais un copain que j'avais nommé, qui était garant du temps Cédric. Je lui avais dit dès que je pose le vélo, dis-moi à combien il faut que je cours pour pouvoir passer le cut. Et là, je pose le vélo, il me, je ne peux pas, je n'ai plus, et bon, enfin, bref, c'était assez rigolo. Et donc, du coup, je passe ce cut et j'ai une arrivée au sommet. C'est encore aujourd'hui, je pense, un de mes plus beaux souvenirs de franchissement de ligne, si ce n'est le plus beau, parce que, voilà, c'était au milieu de la nuit, etc. Et donc voilà, et donc j'ai après, dans la suite, j'ai fait aussi l'embrunman, etc.

Seb:

Et juste avant le Covid, je refais un Ironman un peu classique, assez roulant, et là, je comprends que ça y est. J'ai vu tout ce que j'avais vu avoir. J'ai surtout vu qu'en m'entraînant, parce que je tournais entre 15 et 20 heures semaine, je faisais du bi quotidien, de l'entraînement bi quotidien, de tous les jours, et je voyais que je progressais plus, quoi? j'avais atteint mon niveau entre guillemets maximum. Et alors, oui, je pouvais gagner des pouillèmes.

Seb:

Mais en fait, ça m'intéressait pas de refaire des refaire, 25h, 30h par semaine, pour gagner 3 minutes sur un Ironman, j'y trouvais pas de sens. Et puis arrive le Covid, et là, j'ai un pote, un super pote Damien, avec qui je partageais déjà pas mal d'aventures dans le sport, qui me dit regarde, là, il y a une course, c'est de l'ultra distance à vélo. Alors, pour le coup, c'était le Baki Man, corsica, et il me dit ça serait bien qu'on s'y inscrive tous les deux. Et je dis ouais, grave, machin.

Seb:

Donc, juste avant l'hiver, juste avant qu'on soit tous confinés, on se met à faire des sorties longues, qui nous paraissaient longues, mais on faisait des 200, 250 bornes, en se disant c'est bien, on se prépare comme il faut et finalement, on se retrouve confinés. Finalement, le Beckyman est annulé, comme toutes les courses, et en fait, la seule course qui passe à travers les Mailles du Chili, c'est la RAF, parce qu'elle était au mois d'août, le 15 août, et c'est pile le moment où on se retrouve un peu déconfiné. Les courses ont de nouveau le droit d'exister Et je crois qu'un mois et demi après, on était reconfiné. Enfin, il y avait délire Covid, et donc, en fait, j'ai pu participer à la RAF 1000 km, à la RACF, donc 1000 km, qui était ma première aventure ultra-cyclisme, et donc, ça dure 3 jours et 10 heures, 3 jours et 12 heures exactement, je crois, et je crois qu'à l'arrivée, je me dis c'est ça qu'il faut que je fasse.

Loïc - Les Frappés:

La révélation?

Seb:

Ah ouais. Mais la révélation, quoi? Je me suis dit. mais là, j'ai passé 3 jours et demi sur un vélo. J'ai l'impression déjà que ça a duré un mois, que j'ai vécu mille choses, je suis passé par tous les états. C'était juste incroyable. Vraiment, j'ai une espèce de j'étais transcendé par ce qui m'était arrivé. En plus, j'avais cassé mon dérailleur, j'avais été obligé de monter un col à pied pour aller louer un autre vélo, pour finir la course, alors que je n'avais pas dormi la veille, pour essayer de doubler trois personnes. C'était une histoire complètement folle.

Loïc - Les Frappés:

Et je me suis dit j'ai l'impression que j'ai trouvé vraiment ce qui va m'animer les prochaines années Et donc c'est parti de là Et donc, c'est parti de là, Ce qui est hyper intéressant parce qu'au final, tu es arrivé d'un sport avant ça, le sport que tu avais pratiqué au plus haut niveau et pendant le plus de temps. Tu expliquais un peu plus tôt que les manches, même si elles s'enchaînaient et que c'était sur des périodes assez longues. Finalement, les manches, c'était un effort physique d'une demi-heure Et là où tu as de la gestion de sommeil, d'alimentation, peut-être le fait d'apprendre à se réguler sur l'énergie que tu dépenses pour pouvoir tenir dans la durée, c'est assez intéressant finalement de voir que tu as accroché à ce point si fort sur un sport assez loin, en tout cas dans le rythme de ce que tu avais connu pendant longtemps.

Seb:

Oui, je pense que ça me correspondait mieux en fait. Mais je me dis tu vois, je pense que, pour le coup, finalement, ces manches de 30 minutes, etc. C'est pas là où j'étais le meilleur. Peut-être que j'aurais été meilleur en ayant fait tout de suite un sport d'endurance, mais c'est comme ça. Et puis, je voudrais absolument pas faire autrement. Mais, du coup, j'ai eu l'impression que quand je suis arrivé sur ce truc là, alors évidemment, j'ai fait plein d'erreurs et je continue à en faire plein, et t'apprends des choses sur toi. T'imagines quand même, après autant d'années de sport de haut niveau, t'as l'impression de te connaître. Et en fait, là, t'arrives dans une discipline où tu redécouvres encore plein de choses sur toi. Tu te dis mais c'est sans fin. C'est en fait, sur ces 3 jours là, sur le sommeil, je me suis challengé. Enfin, j'avais l'impression de me challenger parce que j'ai calé une nuit blanche dans les trois nuits et dans les trois jours, et je me suis dit je suis vraiment allé au bout de ce que je peux faire, etc. C'est sûr, je peux rien faire de mieux. Et, en fait, j'ai bien vu qu'il n'y avait pas de limite. Il n'y avait pas de limite et qu'en fait, tu peux toujours faire mieux.

Seb:

Et c'est ça qui était incroyable, c'est que j'étais qu'au début de l'histoire et donc j'ai eu envie tout de suite de m'engouffrer là-dedans et de continuer à vivre des expériences pareilles et surtout, de les partager aussi. Parce que, du coup, karen m'a rejoint, on a fait deux races cross France ensemble, donc, ma femme avec qui j'ai fait deux races cross France. On a fait la première, on a fait un 300 km, et il y a deux ans, on a fait la 1000 km et en fait, c'était, c'est pareil. C'est des souvenirs incroyables. C'est des souvenirs incroyables de partager ça avec la personne qui partage ta vie. C'est des souvenirs qui sont complètement délibiles. Alors, je dis pas que le reste est fade, attention. Mais avoir la chance de pouvoir partager un truc comme ça, aussi fort, c'est pas donné à tout le monde, c'est pas donné à tout le monde.

Loïc - Les Frappés:

Donc, on est vraiment hyper reconnaissant de ça tu disais, c'était il y a 3 ans la première Race Across France Ensemble à 300 c'était il y a 3 ans la première race Cross France ensemble à 300, c'était en 2022, ah, ouais donc votre fils, il avait il avait 2 ans.

Seb:

C'était un massacre. Ouais, c'était un massacre, c'était un massacre. Il dormait pas. D'ailleurs, il ne dort toujours pas, spoiler alert. Mais mais 4 ans et demi, accrochez-vous. 4 ans et demi, accrochez-vous. 4 ans et demi, il ne dort toujours pas. On compose avec maintenant, mais en tout cas, on était explosés tous les deux Et, à la fin, c'est elle qui m'a attiré jusqu'à la ligne d'arrivée, moi j'étais au bout et c'est elle qui nous a fait finir. Donc, c'était des moments comme ça, c'est magnifique. Oui, c'était vraiment super.

Loïc - Les Frappés:

Donc, une première Race Cross France 1000 km. La deuxième, c'était celle avec Karen à 300.

Seb:

Alors, du coup, la deuxième, c'était en 2021. C'est là où j'ai sauté le pas du 2500 km D'accord.

Seb:

Donc là, je me suis dit voilà, tu as fait tes armes sur le 1000. Il faut aller chercher la distance reine de la Race Cross France, qui est à la 2500 km, et là, voilàure aventure incroyable sur 8 jours. Et donc là, c'était vraiment la première fois que je faisais aussi long. J'ai appris plein de choses, enfin, c'était, c'était, c'était vraiment. Voilà, j'ai fait mes armes vraiment sur cette course là. L'année d'après, j'ai fait le 300 avec Karen, parce que j'avais vraiment envie qu'on partage un truc comme ça et elle en avait vraiment envie aussi. Ensuite, j'ai refait la 2500 km en 2023, et là, je l'ai faite vraiment dans une approche où je voulais me performer. Alors, performer, c'est un gros mot, mais en tout cas, je voulais faire le mieux possible. Et donc, j'ai pris un coach sur les deux derniers mois. En fait, j'avais fait une grosse préparation hivernale. Et en sortant de l'hiver, je me suis dit voilà, t'as tellement de pusée dans tes ressources mentales que que là, il faut que tu sois accompagné, parce que sinon tu vas décrocher quoi. Et en fait, j'avais besoin de quelqu'un qui m'accompagne parce que je sentais que je n'allais plus avoir la motivation nécessaire pour continuer à m'entraîner. J'avais fait, je pense, l'hiver trop chargé. Et donc là, je me suis fait accompagner par un coach et sur les deux derniers mois, et donc, j'ai fait cette race cross France, là où j'ai dormi 6h en 7 jours et 10h, qui est absolument pas à faire, et moi, je pensais que c'était ça qu'il fallait faire, je pensais qu'il fallait vraiment. Vu que je roule pas vite, je suis incapable de rouler comme les meilleurs, etc. Je me suis dit être ton seul atout, parce que j'avais décelé que j'avais une facilité, ou en tout cas, que j'avais beaucoup travaillé pour essayer de dormir le moins possible. Je me suis dit il faut pousser ce curseur à fond et le jouer comme ça. Et en fait, c'est hyper, j'allais dire presque malsain. Mais en fait, chaque nuit, en fait le jour, je progressais et ceux qui allaient plus vite étaient de toute façon devant, et toutes les nuits, je gagnais quelques places. Et du coup, je me disais la nuit qui arrive, si je fais encore l'effort, je vais encore gagner des places. Et en fait, j'ai fait ça toute la semaine.

Seb:

Je suis arrivé dans un état, à la fin de la course, qui était, j'étais bien évidemment heureux, mais je savais que j'étais pas allé dans le bon sens. Quoi? c'était pas ça qu'il fallait faire pour profiter et c'était pas sain et si on peut dire qu'il y a quelque chose de sain dans l'ultra, mais en tout cas, c'était pas comme ça qu'il fallait vivre la course, et même en performant, c'était pas comme ça qu'il fallait s'y prendre, mais j'avais quand même touché du doigt. Alors, j'ai fini 23ème de cette course. Là, c'était pour moi une super perf, enfin, sur le papier.

Seb:

J'avais que des gens autour de moi qui roulaient, si je fais 50 bandes avec eux, j'arrive deux fois plus tard qu'eux. Il n'y avait pas de match possible. D'ailleurs, c'est des gens qui me doublaient à partir du cinquième jour, dans la journée, mais moi, j'étais popé dans un col à 6 km heure, et ils me doublaient à 15 km heure Après. Ils se disaient mais qu'est-ce qu'il fait là, lui? Enfin, ce n'est pas possible. Et en fait, c'est juste parce que, dans la nuit, j'avais avancé tout ce que je pouvais. Assez marrant. Et donc, tout ça pour dire que, du coup, le projet de cette année, en fait du coup l'année dernière, je commence à avoir dans un coin de la tête. Donc, j'ai fait évidemment d'autres courses sur le train, je n'ai pas fait que la race au Cross France, mais pour faire un focus sur cette course-là, Mais attends d'ailleurs tu l' 2020, c'est sans interruption.

Seb:

Oui, c'est un rendez-vous. Le format change à chaque fois, je change les distances. Mais là, avant 2024, je me dis que j'ai un truc qui m'obsède. Cette course représente beaucoup de choses pour moi Et, en fait, je ne sais pas pourquoi j'ai envie de la gagner. Et quand je me dis ça, je me dis que j'ai envie de la gagner. C'est bien beau, c'est un rêve, mais je suis bien conscient que il y a un gouffre énorme entre ceux qui, enfin, faut quand même savoir que le premier, il fait 5 jours et 16 heures et moi, en finissant 23ème, je mets 7 jours et 10 heures. Quoi, c'est un monde, c'est énorme la différence. Et je me dis mais et donc, je mets ça dans un coin de ma tête, je me dis ouais, bon, tu la veux la gagner, c'est très bien. Mais voilà, garde le pour toi, quoi? et en fait, les jours passent et je sais pas pourquoi, je commence à avoir envie d'en parler. Alors, évidemment, j'en parle à Karen, etc.

Seb:

Mais et j'envoie un message à Arnaud, l'organisateur des Racecross Series, et je dis à Arnaud je te dis un truc, je rêve de gagner la RAF. Je te dis juste ça pour te le dire, et je ne sais pas ce que je vais faire de ça, mais en tout cas, j'avais besoin de le verbaliser. Et donc, c'est tellement fort, et ça m'habille tellement qu'il faut que ça sorte. Il faut que ça sorte. Et donc, c'est assez marrant. On discute de tout ça, et voilà, et je me dis comment il a réagi, arnaud, par curiosité. Et bien écoute, il me dit enfin, arnaud, quoi, c'est un super projet. Évidemment, il va pas détruire mon rêve, il aurait très bien pu le piétiner tout de suite. Mais il me dit c'est un super projet. Je pense que si tu optimises tout machin, etc. Peut-être un top 10, c'est possible. Enfin bon, bref, il essaye d'être très positif. Mais en fait, je n'attendais pas de réponse de sa part. Je n'attendais pas qu'il me dise oui, c'est possible.

Loïc - Les Frappés:

Je voulais juste lui dire, et parce que c'était la première pierre du projet, Et comment tu t'es senti une fois que tu as verbalisé le projet à quelqu'un d'autre que Karen?

Seb:

Déjà, c'est un premier engagement, Parce que tu l'as annoncé à quelqu'un En plus Arnaud, aujourd'hui on collabore ensemble sur pas mal de choses. Mais du coup, tu l'as verbalisé auprès de quelqu'un qui Et ce n'est pas n'importe qui, c'est quelqu'un pour qui ça compte, en tout cas, pas n'importe qui, c'est quelqu'un qui pour qui ça compte. Enfin, tu vois, ça compte, en tout cas, il est conscient de ce que ça représente. C'est pas comme si tu l'avais dit à quelqu'un voilà un ami second degré qui va te dire ouais, c'est cool, tu veux gagner une course vélo, enfin, voilà, tu vois.

Seb:

Donc, là, c'était une première pierre pour s'engager, ce que je vais faire, avant de vouloir le dire, la terre entière, cette année qui va passer, je vais essayer de tout mettre en œuvre déjà pour faire tout ce que je peux faire de mon côté pour progresser. Et donc, ça voulait dire pour moi, j'avais une croyance qui est forte, mais je me suis dit tu fais 78 kg forte. Mais je me suis dit ben voilà, tu fais 78 kilos. Ok, t'es pas, c'est un poids qui est correct par rapport à ta morphologie, etc. Mais par contre, si tu veux être plus performant en vélo, il faut vraiment perdre du poids. Donc, je me suis rapproché du poids idéal. Donc, aujourd'hui, je fais un peu moins de 71 kilos, ce qui est un très, très gros effort pour moi, qui est en fait, pour, à titre de comparaison, c'est le poids que je faisais à 13 ans.

Seb:

Donc voilà, j'ai pas vu ce poids-là sur la balance depuis l'âge de 13 ans. Et donc, j'ai mis tout ça en place. Je l'ai fait de manière très, très progressive pour essayer de garder le maximum de masse musculaire et pour pas juste fondre et perdre du muscle. Donc, j'ai essayé de le faire très intelligemment, je me suis fait accompagner pour ça, et après, dans l'entraînement, j'ai essayé de me structurer, et voilà.

Seb:

Et donc, j'ai passé une année où j'ai poussé tous les curseurs que moi, je pouvais pousser seul, et c'est là où j'ai fait l'aboutissement de cette première année. C'était donc la race cross de cette année, avec le format 1000 km. Et du coup, sur un format que je connais bien, qui est le format 1000 km, que j'en ai déjà fait 4 ou 5 depuis que je fais l'ultra, j'ai gagné une quinzaine d'heures par rapport à mon temps de référence. si on prend le kilométrage, et à déniveler l'équivalent, j'ai gagné une quinzaine d'heures, ce qui est énorme pour moi. Et après, après, voilà, c'est, les meilleurs sont encore loin devant. Mais en tout cas, c'était un gros gap.

Seb:

Alors que je pensais en 2023, quand j'ai fait ma deuxième RAF, 2500 km, je pensais avoir atteint ma limite. Je me suis dit bah, voilà, là, tu peux pas faire mieux, tu peux pas faire mieux. T'as déjà mis plein de choses en place. Et là, du coup, je me suis dit bah, y est, t'as enfin la limite. Elle est encore plus loin, il va falloir aller la chercher. Et donc, c'est là que j'ai commencé à me dire je vais communiquer sur le projet et je vais l'annoncer, pas pour l'annoncer, je vais l'annoncer en disant j'ai besoin d'aide pour m'aider à réussir, à me rapprocher de ce projet-là. Et donc, en gros, qui veut en être? Et donc voilà, donc, on en revient, tu vois, il y a un peu moins d'un moment, il y a quelques semaines, là où j'ai lancé le projet sur les réseaux.

Loïc - Les Frappés:

Incroyable, c'est vraiment fascinant. Je me régale systématiquement dans tous les épisodes. Mais c'est vrai que, avec tous les invités que je reçois, c'est vrai que quand j'ai des gens, je pense que c'est naturel on s'identifie un peu plus aux gens qui ont des parcours qui nous ressemblent Et je trouve ça vraiment fascinant. La manière dont tu as géré cette transition, le fait que tu te relances là sur un autre projet, dans une discipline qui n'a rien à voir avec un rythme complètement différent, c'est vraiment super inspirant, franchement, bravo. Parce que la réalité, on parlait tout à l'heure des transitions, dépression, poste, arrêt sportif et tout. Il y a quand même aussi beaucoup de gens qui arrêtent le sport. En tout cas, en judo, ça arrive assez souvent. Tu vois des anciens judokas qui sont devenus coach ou quoi, et ils ont pris 30 kilos. Tu vois et moi ça me rend toujours un peu triste, alors peut-être qu'ils sont très heureux.

Loïc - Les Frappés:

Tu vois dans leur vie, comme ça, c'est génial. Mais à titre perso, j'ai une idée du sport qui fait partie, tu vois, d'un équilibre de vie, un esprit sain dans un corps sain, etc. Et quand je vois ça, en tout cas, si je me projette dans ce schéma-là, je me dis que j'espère que ça ne m'arriverait pas parce que ça ne m'irait pas de me voir comme ça, de prendre 30 kilos. Tout ça pour dire que je trouve ça toujours très inspirant, des parcours comme le tien, où il y a un équilibre. Finalement, le fil rouge, c'est l'équilibre sport dans la vie. Et puis le moyen, qui est le type de sport que tu fais. Finalement, il évolue. Tu as fait du triathlon, tu as fait de la course à pied, puisque tu ne l'as pas dit, mais tu as quand même fait l'UTMB, si je ne me trompe pas. Donc voilà, tu vois, le sport a toujours été là et c'est toujours quelque chose qui te nourrit Et je trouve ça, encore une fois, très inspirant.

Seb:

Oui, pour que les gens comprennent bien, parce que il n'y a rien de. Tu vois, j'ai eu très, très peur de l'annoncer parce que je me suis dit putain, je vais passer pour quelqu'un d'hyper présomptueux. Enfin, tu vois, c'est Annoncer ça, c'est pas anodin, quoi? Je veux dire aujourd'hui, en tout cas, tous ceux qui sont dans ce monde-là savent ce que ça représente de mon premier poste. S'il vous plaît, soyez bienveillants. Tu vois un truc, pour pas me prendre des remarques. Et en fait, j'ai eu l'effet totalement inverse, c'est-à-dire que j'ai plein de gens qui m'ont dit mais ouais, grave, tu peux le faire. Et en fait, moi, c'est pas ce que je demandais.

Seb:

Enfin, en gros, quand j'ai annoncé ce projet-là, et j'ai d'ailleurs eu dis je rêve de la gagner, je vais tout faire pour, mais après, en gros, le résultat, je m'en fiche presque. Moi, je veux juste avoir cette démarche où tu mets tout en œuvre, parce que je trouve que c'est ça qui est beau, c'est ça qui m'anime vraiment, c'est d'essayer d'avoir la meilleure version de moi-même à ce départ-là. Et si j'y arrive, j'aurais rempli le contrat. Et, en fait, c'est ce projet là qui m'anime. Gagner, c'est juste parce que c'est plus parlant pour tout le monde. mais c'est vraiment la démarche, c'est vraiment la démarche, et c'est vraiment d'essayer de me dire aujourd'hui, je suis éloigné à tel point de la gagne, mais par contre, si je gagne des pouillèmes là et un peu là, et un peu là et un peu là, je me rapproche de ce truc là et, en fait, j'ai besoin de ça pour avancer écoute.

Loïc - Les Frappés:

En tout cas, moi, quand j'ai vu ce message où tu disais que, pour la manière dont tu l'approchais en tout cas, tu voulais être accompagné, tu avais besoin d'aide sur différents sujets, a-t-il perso, moi, je me suis tout de suite dit que c'était l'occasion rêvée de mettre en avant ton parcours, enfin, faire partager, faire découvrir ton histoire. Et à aucun moment je me suis dit le gars, il tu le dis. C'est intéressant ce que tu dis sur la différence entre ton objectif de moyen et ton objectif de résultat. Le résultat, tu l'as verbalisé, c'est gagner la rave, c'est le rêve ultime. Mais finalement, dans ce que tu expliques, ce que j'entends, c'est que tu te concentres avant tout sur la manière dont tu vas arriver là et que, quoi qu'il se passe, finalement, la victoire, ce sera qu'au moment du départ, t'aies aucun regret sur la préparation que t'as fait et sur le fait que t'as absolument tout donné pour espérer prendre cette première place. C'est ça que j'entends.

Seb:

Je sais pas si je déforme un peu, mais c'est complètement ça. Et c'est au moment du départ et c'est aussi dans. Tu vois, si, pour le coup, je suis pas super fan du truc, c'est gagner quand t'es déjà au départ, quand t'as un projet, mais c'est gagner quand, à l'arrivée, t'as l'impression que t'as mis tout en oeuvre, tout ce qui était possible pour être là et si c'est ok avec ça, c'est là que c'est gagné, en fait. Et du coup, c'est aussi dans l'exécution, parce qu'après, si je me dis que rien qu'être au départ, en étant dans la meilleure version de moi-même, ça suffit, et si je fais que des conneries pendant la course, je serai pas satisfait. Donc, du coup, il faut quand même que j'arrive à appliquer le plan. Et dans appliquer le plan, il y a aussi, tu vois, j'ai fait un truc que j'ai mis en place là, ces dernières semaines, et je me suis dit putain, mais j'aurais même dû le faire quand j'étais sportif de haut niveau et je pense que ça aurait pu très bien se faire.

Seb:

Je suis allé contacter des vainqueurs de la RAF et je leur ai demandé de m'ouvrir leur playbook, et ils l'ont tous fait. Ils l'ont tous fait. Ils l'ont tous fait. Ils l'ont tous fait et avec plaisir et plus que ce que je le croyais. Alors, évidemment, on est pas dans un sport professionnel, mais même en y réfléchissant, je suis sûr que même quand j'étais athlète de haut niveau, en fait, on avait ce truc tu parles jamais les champs olympiques qui passent à côté de toi, tu vas pas lui dire t'as mis quoi comme réglage. Tu sais qu'il va te dire non, mais en fait, t'en sais rien.

Seb:

En fait, ça se trouve, c'est pas si ça se trouve. Partager, ça fait quand même partie de beaucoup de valeurs, de beaucoup de personnes. Et là, tu vois, moi j'ai fait ça et en fait, j'ai pris des infos à droite, à gauche, et pourtant, j'ai 5 ans d'expérience dans l'ultra-cyclique. Alors, je sais pas si c'est beaucoup ou pas beaucoup, mais j'ai fait beaucoup de kilomètres. J'aurais pu me dire bon, bah, ça va, je sais comment je fonctionne, je vais pas aller chercher d'autres tips à droite, à gauche, je suis allé prendre des infos chez plusieurs vainqueurs. Ils m'ont tous apporté un truc. Et à chaque entretien, je me suis dit bah, là, c'est clair, il faut faire ça, quoi? donc, j'ai appris des choses. J'ai appris des choses qui vont être déterminantes pour la suite du projet.

Loïc - Les Frappés:

Si on a une en particulier, un tips qui est revenu ou en tout cas le tips d'un des vainqueurs qui te semble être le plus pertinent ou qui a été la plus grosse révélation, ce serait quoi?

Seb:

J'ai posé. C'est marrant parce que c'est la première question que j'ai posée. J'ai fait un entretien avec Jonas Jonas Veres, qui a gagné la dernière race Cross France et qui, en plus, est un gars incroyable, enfin hyper disponible. Et en fait, la première question que j'ai posée, je lui ai dit s'il y a un truc que tu dois me faire passer comme message pour gagner, c'est quoi? C'est quoi le truc qui, pour toi, a été game changer dans tout ce que tu as mis en place? Vraiment, qu'est-ce qui compte par-dessus tout? Et donc, il m'a dit wow, compliqué comme question, mais finalement, finalement, si je dois résumer, je pense que ce qui m'a fait passer comme message, c'est que lui est quelqu'un d'hyper organisé, c'est à dire qu'il avait rien laissé au hasard sur toute la stratégie qu'il allait mettre en oeuvre pendant toute la course. Et moi, en fait, je faisais ça, mais sur les 48 premières heures. Et après, je me disais de toute façon, après, tu ne programmes plus rien. Au bout de 48 heures, la course, elle est partie, il y a déjà plein d'imprévus Et donc tu ne peux pas continuer à prévoir des choses alors que, si ça se trouve, tu arrives là, la boulangerie est fermée. Du coup, tu ne peux pas bouffer, donc tu ne peux pas rouler à ta lèvre. Et en fait, lui, il m'a fait sauter ce verrou-là. Il m'a dit mais moi non, tout mon plan était prévu du début jusqu'à la fin. Je savais exactement où j'allais m'arrêter. Et en fait, quand il m'a dit ça, je me suis dit mais ce gars est malade. Et après, j Il me dit en fait, c'est toi qui es malade parce que toi, tous les jours, tu roules et tu te challenges tous les jours en disant allez jusqu'au maximum de ce que je peux. Et tu arrives, il est 3h du matin et tu vois qu'il y en a 4 devant toi qui dorment, et du coup, tu veux les dépasser, donc, tu te dépasses encore. Donc, en gros, tous les jours, tu challenges ton.

Seb:

Il me dit qu'alors, moi, je sais que à 2h du matin, je suis en train de dormir et je vais dormir 2h et je vais repartir, je serai frais et je vais aller à mon autre point d'arrivée, qui va être défini, qui sera la prochaine nuit encore, à minuit ou à 2h du matin aussi. Et en fait, il me dit moi, j'avance par étapes et toi, tu te challenge non-stop. Et en fait, il m'a ouvert les yeux quand il m'a dit ça, je me suis dit putain, mais ouais, c'est lui qui a raison. Quoi? c'est lui qui a raison, en fait, moi, je, ma stratégie est pas la bonne et je pense que j'aurais pas discuté avec lui la stratégie que je suis en train de mettre en place pour la prochaine rafle. Elle aurait été complètement différente et ça aurait été clairement une mauvaise stratégie et ça aurait été clairement une mauvaise stratégie.

Loïc - Les Frappés:

Super intéressant, et dans les retours que tu as eu, il y a des éléments qui revenaient souvent, où tu as quand même des tactiques qui sont drastiquement opposées, typiquement sur le sommeil. Tu évoquais un peu plus tôt que peut-être que la vision, en tout cas dans l'ultracyclisme, sur le rôle du sommeil, change, ou après, tu as quand même toujours des ovnis. D'ailleurs, sofiane, grosse pensée pour Sofiane. Mais ou, tu vois, steven, moi j'ai eu la chance de faire un gros bout de la PTL avec lui. Bon, c'est pas une course ultra cyclisme, mais j'ai pu voir du coup qu'effectivement on est quand même pas fabriqué pareil sur la résistance au sommeil. Donc, t'as eu, comme ça, des éléments qui soit revenaient systématiquement ou au contraire. Il va falloir que tu fasses un choix, parce que t'as entendu les deux opposés ouais, bah, c'est sur les pratiques.

Seb:

Bon, déjà, comme tu disais, c'est un peu comme tout. Il y en a qui ont une propension à moins dormir que d'autres, malheureusement ou heureusement. On est tous différents et donc donc, ça, il n'y en a qu'en des stratégies très différentes. Donc, là, déjà, à ce niveau-là, ça peut y avoir des discours très différents, mais sur le matos, il y en a beaucoup, parce que c'est pareil, le matos. On dit souvent que tu le fais en fonction de tes peurs. Et tu vois, il y a une question assez classique que tu peux te poser quand tu fais de l'ultra, c'est est-ce que je roule avec un éclairage à batterie ou est-ce que je roule avec un éclairage dynamo? L'éclairage à batterie, c'est plus léger et ça encombre un peu moins ta roue, mais par contre, ça veut dire que tu dois pouvoir recharger à intervalles assez tes lampes.

Seb:

Et alors que le dynamo, bah, tu sais que ça freine un tout petit peu ton vélo je caricature, hein quand je dis ça, mais c'est pour que les gens comprennent ça freine un tout petit peu ton vélo. Par contre, t'as de l'éclairage non-stop. Bah, moi, une de mes plus grosses peurs, c'est de me retrouver sans lumière. Je suis pas prêt à passer ce cut là en dynamo et t'en as qui roulent en éclairage à batterie, et ça, ça dépend, ça dépend de tes peurs et tes croyances. Et donc les grosses différences, et surtout sur le matériel après ok, bon après, je pense ça fait partie aussi de fin.

Loïc - Les Frappés:

D'ailleurs, je dis ça pour moi, mais je serais curieux de savoir ce que tu en penses. Mais sur ce type de sport où le matériel a un rôle important, tu vois, bon judo, ton kimono, globalement, il est en coton et point barre quoi il n'y a pas vraiment d'enjeu de matériel, mais je suppose que dans l'univers de la voile, ça va être le cas sur le poids, le type de de boot, etc.

Loïc - Les Frappés:

Que tu utilises. Je suppose que ça fait partie aussi du plaisir, finalement, de se voir évoluer, tu vois, de comprendre comment utiliser, de trouver un peu les astuces, les tips and tricks pour gagner du poids, pour être plus efficace. Ça doit faire partie aussi du plaisir que tu trouves dans la pratique.

Seb:

Oui, oui, ce n'était pas ce que je préférais en voile, c'est vrai. Je te garantis que quand tu achètes un jeu de voile et que Parce tu achètes un jeu de voile, parce que, en fait, la problématique, quand, en tout cas dans notre sport, c'est qu'on est incapable de sortir deux voiles ou deux pièces identiques, donc en fait, quand il y a une voile qui sort d'une voilerie, tu en commandes une autre. Le lendemain, tu commandes une autre voile, tu les superposes. Elles sont pas pareilles.

Seb:

Ah ouais, ok, ouais, on est incapable de faire. Et pareil pour un bateau. Un bateau, c'est assemblé avec de la résine. La résine, en fonction de combien de temps tu la laisses sécher et dans quelles conditions, quelles températures, etc. Elle va prendre différemment. Donc, ton bateau va être plus ou moins rigide à certains endroits Et donc, tu es incapable de sortir deux bateaux pareils.

Loïc - Les Frappés:

Ah, ouais, je n'avais pas du tout ça.

Seb:

Ouais, ouais. Donc, en fait, c'est ce qui est un peu délicat, c'est quand tu n'as pas beaucoup de budget, que tu n'as pas de sponsor. Toi, tu mets tout ton argent dans un bateau et un jeu de voile et tu pries pour qu'il soit bien, et s'il n'est pas bien, et les moyens de racheter autre chose. Alors que les meilleurs, ils achètent trois bateaux, ils achètent dix jeux de voile, ils superposent, ils font des combinaisons et ils essayent de trouver la meilleure combinaison. Mais c'est une vraie prise de tête. C'est une vraie prise de tête au-delà de l'impact écologique aussi que ça pourrait présenter. Mais ouais, ce, mais ce n'était pas ce qui me plaisait le plus. Moi, je préférais gagner des points sur l'eau plutôt que passer du temps à mesurer. Mais il y en a qui adoraient ça Et j'ai de la chance, j'ai toujours eu des barreurs qui aimaient plutôt ça.

Seb:

Donc, on se répartissait un peu les tâches. Mais dans le vélo, c'est un peu pareil, mais je vais en dire que c'aérodynamisme, la chose la plus aéro sur laquelle il faut travailler, c'est toi. Si t'arrives à tenir une position, tu vois, tu peux avoir le vélo le plus aéro du monde. Si t'es pas capable de tenir allongé dessus et que tu passes ton temps à te relever. bon, bah, finalement, ça sert à rien. Et donc, les gros gains, ils sont plutôt sur ta capacité à avoir un gainage et faire en sorte que ton dos tienne le coup et le haut de ton dos tienne le coup aussi, pour pouvoir garder le plus possible une bonne position. Donc, il y a des gains marginaux qui peuvent être faits sur le matos, mais tu as assez vite fait le tour quand tu te penches dessus.

Loïc - Les Frappés:

Tu as besoin de quoi du coup aujourd'hui? Quel domaine est-ce que t'as identifié sur lequel il faudrait que tu sois accompagné idéalement?

Seb:

ouais, bah, écoute, de part cette première prise de parole, j'ai trouvé un coach, ça, c'était le plus gros, méga, rapide. C'était un coach avec qui j'avais déjà bossé, mais en fait, je savais que je pourrais pas le le rémunérer, enfin en tout cas sur une période aussi longue. Et donc, en fait, il m'a appelé, il m'a dit mais moi, seb, je te suis quoi, je te suis, tu peux compter sur moi. Et donc, donc, déjà, c'est, c'est la première chose, et c'était quand même de progresser avant d'avoir du matos. Mais donc, déjà, j'ai la partie la plus grosse du projet qui est ok. Et après, au delà de ça, il y a un peu amélioré mon setup. Et donc, ça passe par, évidemment, pourquoi pas un vélo et avec des roues un peu plus optimisées, même si le setup que j'ai à l'heure actuelle, il est quand même pas à plaindre, mais on peut toujours faire mieux. Et après, il y a des parties qui sont plus pratico-pratiques.

Seb:

Mais tu vois, de la nutrition sportive, finalement, ça coûte quand même pas mal d'argent quand tu le tu vois, si je pense que l'argent, que si je regarde l'argent que dépenses sur une année dans la nutrition sportive, ça commence à pas mal chiffrer. Donc, si il y a des partenaires qui sont prêts à suivre là-dessus, ça peut beaucoup aider. Et après, il y a une dernière partie sur le textile, parce que quand on fait une course comme ça, on passe par toutes les conditions météo. Donc, tu as du très chaud, tu as du très froid, en décolle, il peut même neiger, alors qu'on est en plein été, mais quand tu passes à 2,8, 3 000 mètres d'altitude, il peut neiger, il peut pleuvoir.

Seb:

Forcément, sur 7 jours de course au moins, il va pleuvoir. Et il ne faut pas oublier que j'ai perdu 8 kilosipé. Et donc là maintenant, en gros, il y a tout à racheter. Et donc, c'est pareil. Si jamais il y a une marque qui veut bien prendre part au projet là-dessus, elle sera le bienvenu. Mais voilà, c'est un peu le revers de la médaille d'avoir perdu du poids, ça me fait aller plus vite sur le vélo, mais par contre, tu te rends compte que tu flottes dans des, si c'est pour galérer à tenir une position aéro, mais que t'as ton kawai qui fait flap, flap sur toute la course, ça va pas aider. Donc, voilà, c'est les grosses, les grosses lignes. On va dire du budget, c'est ça très bien.

Loïc - Les Frappés:

Bah, écoute, je croise les doigts, j'espère que cet épisode se touche du bois. Peut-être que cet épisode sera écouté par quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un dans une entreprise que ça intéresserait. En tout cas, seb, moi je voulais te remercier pour le temps que tu as pris C'était un vrai plaisir d'échanger avec, pour le partage de ton très beau parcours, que je trouve très inspirant, très intéressant aussi de voir comment tu as géré cet énorme pilier du sport de haut niveau, du sport à haut niveau, dans ta vie. Et puis, écoute, en tout cas, moi je te suis sur le réseau depuis un moment, je vais continuer à le faire, et puis je vais regarder avec attention ce qui va se passer autour de cette rafle et peut-être qu'on pourra se prévoir un épisode post-course pour parler de tes apprentissages et de ce qui s'est bien passé et de ce que tu modifieras pour la prochaine.

Seb:

Écoute avec grand plaisir. Merci beaucoup, loïc, pour l'invitation. Écoute, moi, c'est pareil. Je te suis depuis un moment et, pour parler de quelque chose de plus frais, j'ai notamment beaucoup apprécié ton épisode débrief sur le Thor pareil. Il m'a ouvert les yeux sur pas mal de choses, notamment sur les, sur les, sur les phases où, si t'es prêt ou pas à continuer, enfin, en gros, quel est vraiment le déclencheur qui te fait continuer ou arrêter? et donc, c'est toujours intéressant d'avoir ce retour d'expérience parce que on apprend toujours. Donc, merci pour ce que tu fais merci beaucoup, seb.

Loïc - Les Frappés:

Très bonne journée à toi, bonne prépa et à une prochaine merci, salut.

Seb:

Sous-titrage Société Radio-Canada. Sous-titrage ST' 501.

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